Grenier d'enfance

Publié le 24 Février 2005







Le grenier tient toujours une grande place dans les souvenirs d'enfance, pour les enfants de ma génération. C'est un endroit sombre, qui permet le rêve et l'évasion, et occupe les jours pluvieux.

On y accédait par un escalier qui tournait une fois sur lui même, toujours poussiéreux, malgré les balayages répétés.
Il y avait sous le toit deux parties bien différentes, séparées par un mur d'argile, percé d'une porte. Malgré nos huit, dix ans, il fallait parfois baisser la tête, car les poutres étaient basses, et il y en avait toujours une où l'on s'assommait.
La lumière provenait d'une lucarne minuscule, à quatre carreaux, ouverte en façade, où les branches hautes d'un rosier moussu venaient se balancer. Parfois, un vent malicieux, pluvieux, venait les jeter, mouillées contre les vitres.
Nous étions indiens, cow-boys, aventuriers intrépides.
Devant la lucarne, nous étions capitaines de vaisseaux, et l'étrave de nos navires fendait les flots tumultueux des champs moutonneux. La barre, un vieux volant de traction, était tenue d'une main ferme, pour éviter les récifs : deux pommiers dangereux...
Nous regardions passer les gens sur la route, avec la joie suprême de voir sans être vus.
Près de la conduite de la cheminée, sommeillait notre chat. C'était son endroit favori, couché sur de vieux journaux.
Quand nous redescendions enfin "sur terre", nous étions couverts de poussière et de toiles d'araignées. Il fallait montrer patte blanche pour passer à table.


Rédigé par Serge Serge Passions

Publié dans #Livres - textes

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