Epicerie de campagne
Publié le 6 Mars 2005
L'épicerie café de campagne de mon enfance... Un endroit hors du temps, cette épicerie !
Elle était tenue par deux demoiselles. Un passant matineux les aurait trouvées assises à une table du café, trempant de large tartines beurrées dans de grands bols de café au lait.
M. la plus âgée, était toujours vêtue d'une grande blouse noire à points blancs. Les cheveux gris étaient posés en chignon sur la tête.
Sa soeur, qu'on voyait moins, l'aidait à servir les clients. C'était dans le café qu'on entrait d'abord, une pièce respectable, meublée de grandes tables à l'ancienne mode, et de longs bancs sans dossiers.
Une vieille horloge égrenait des sons étranges, qui imposaient le respect. Dans cette pièce, il faisait toujours sombre. Jamais les suspensions n'étaient allumées. Seules, les lueurs rougeoyantes d'une bûche affalée dans l'âtre répandaient quelque clarté.
A côté était l'épicerie mercerie. On y trouvait de tout. Ce commerce vieillot était l'un des endroits les plus calme que j'aie connu. On n'y parlait jamais fort, on y riait pas bruyamment.
C'est la que nous achetions les bonbons de fantaisie, les cordons de zan, la gomme à mâcher, les bâtons de réglisse.
Parfois, d'entre tous ces trésors surgissait un chat anonyme, poussant un bouchon de sa patte en cuillère, ou s'amusant d'une ficelle. Puis il disparaissait dans l'arrière magasin, d'où le bruit de ses jeux nous parvenait encore.
Mon frère et moi admirions la balance dont les plateaux de cuivre étincelaient. Nous respirions une odeur indéfinissable, de savon, de pain, de légumes frais, s'échappant de milles articles rangés méticuleusement dans des casiers. C'était un endroit ou le temps passait, lent, silencieux, comme les deux demoiselles L.