Chaleur du soir
Publié le 7 Mai 2006
Certains jours très chauds de juillet, d'août, nous attendions le soir avec impatience, comme une promesse de fraîcheur, comme un repos pour les yeux.
L'air était lourd, épais, la lumière décolorait les choses, les fleurs des haies, des fossés, penchaient la tête... Les oiseaux s'étaient tus, cachés dans les profondeurs des bois, des fourrés.
Neuf heures du soir. la lumière baissait à peine, mais quelque chose annonçait la nuit prochaine.
A dix heures, l'air bleuissait. les ombres s'allongeaient, changeaient de couleur... la chaleur était toujours là, mais différente : elle n'avait plus cette force donnée par la lumière.
Ces jours d'été, on se couchait tard. Il était permis de sortir encore au long des chemins.
L'air était immobile, nous cheminions à pas lents sur la route délivrée. Sandales, shorts bleus, chemisettes ouvertes.
Les jours d'été, les jours des vacances, semblaient ne jamais devoir finir.
Très loin, d'une voix éteinte, un chien aboyait dans une ferme. Des insectes enivrés bourdonnaient encore, passaient vivement, disparaissaient.
Un bleu profond envahissait le ciel. les étoiles une à une s'allumaient. Le ciel comme un grand chapeau semblait retenir les dernières lueurs du jour.
Les fossés devenaient des trous sombres... La nuit était là...
...mais pas la fraîcheur.
L'air était lourd, une odeur de foin, l'odeur même des champs, planait autour de nous...
Le petit chemin, si connu, rayonnait. La maison apparaissait comme une masse noire. Un trou béant, lumineux, jaune, s'ouvrait sur la façade : la porte restée ouverte dans l'espoir d'une respiration.
Chaleur du soir