Publié le 29 Mars 2008
Une petite balade en Cotentin...
La photo, les livres, le jardin, la nature, les films, ce que j'aime... et la Normandie...
Publié le 29 Mars 2008
Publié le 24 Mars 2008
Publié le 19 Mars 2008
Gif : http://petitemimine.centerblog.net/rub-gifs-papillons-2.html
Hormis les cousines, les vacances d'été étaient dépourvue de filles. Et même en ville, nous étions des garçons
sans beaucoup de copains, des enfants qui sortaient peu.
Nous avions bien des copains d'école, des copains de cité, (la vieille cité campagnarde, avec ses lavoirs, posée au bord des bois)... mais personne ne venait jouer avec nous à la maison.
Et les filles, nous n'en connaissions pas.
Cet été là, il y avait de nouveaux voisins, dans la grande maison du village Piel, le hameau des vacances...
Un couple, avec une fille.
On l'avait vue. Mignonne, le polo bleu, le petit short blanc... les cheveux courts...
Dans le bout du chemin qui s'élargissait, devant les grilles des maisons du hameau, elle faisait sauter un ballon, solitaire...
Nous passâmes une fois devant elle, sans lui parler, mais en la regardant discrètement...
Nous partions pour nos jeux sauvages, de garçons mi de la ville, mi de la campagne.
On en parla à la maison de l'oncle, le midi.
Des "parisiens", et leur fille.
Une copine pour jouer ?
Les parents, l'oncle et la tante pensaient que peut-être nos jeux ne lui conviendraient pas...
Elle ne devait pas courir les champs et les fossés ! Ni se salir, ni grimper aux arbres...
Le lendemain, elle jouait toujours au ballon. Il lui échappa !
(dans ces cas là, les ballons échappent toujours aux filles)...
Il était arrivé dans nos pieds. Difficile de l'ignorer. Malgré notre grande timidité, le ballon fut renvoyé,
et salué d'un :
"Merci, je ne sais pas pourquoi, mais il y a une "attire" dans le fossé ?
Nous nous regardâmes...
"Une quoi ?"
--Une attire, un aimant, le ballon y est toujours attiré !
Elle parlait un étrange langage. Nous en déduisîmes que c'était du "parisien"... et qu'elle parlait « bizarre. »
On échangea des mots...
--Tu t'appelles comment ?
--d'où venez-vous ?
--Qu'est-ce que vous faites ?
La glace était rompue.
On se promena le long des chemins, devisant gentiment. Elle découvrait les noms des fleurs, des bêtes. Le Caille-Lait, ou Gaillet, qui envahit les fossés, la Grande Patience, le Brome mou,
l'Ivraie, toutes les herbes qui font la richesse du foin.
J'ai oublié son prénom... Je l'appellerai Claude, (car je lisais le Club des cinq) et je la trouvais jolie...
On se voyait de temps en temps, peu, car elle sortait avec ses parents...
Nous, nous quittions rarement le village Piel.
Les parents disaient encore que nos jeux n'étaient peut-être pas des jeux de fille, surtout de petite parisienne.
Mais parfois, les filles aiment le changement.
Une radieuse journée de juillet, nous décidâmes de l'emmener à la chasse aux papillons...
Chasse pas dangereuse, du moins pour le chasseur.
C'était le bon temps ou les pesticides n'avaient pas ravagé la nature. Les papillons pullulaient, et surtout les blancs, les Piérides...
Claude nous suivait, jolie... les grandes herbes du fossé lui allaient bien, elle cueillait des fleurs, les abandonnait, elle tressaillait lorsqu'une "bête" courait dans les herbes...
Nous allions vers un champ d'herbe haute, connu de nous, au-dessus d'un petit bois.
Là des dizaines de papillons volaient d'une fleur à l'autre, se suivaient par deux...
Les Piérides, les Azurés d'un bleu céleste, les Vanesses somptueuses...
"Voilà, dis-je en étendant le bras d'un air de propriétaire, voilà le champ aux papillons"...
Quelles courses folles ! Nous n'avions que des branchages feuillus pour attraper les papillons...
Mais une petite musique chantait dans mon cœur, car plus que les papillons, Claude était jolie, ses jambes dansaient dans les herbes, les marguerites, les coquelicots...
Ses cheveux s'ornaient d'herbes, de fleurs arrachées.
C'était une Sylve sauvage, au bord des bois ou devaient sommeiller les satyres des contes.
Je rêvais d'une nymphe allongée dans les herbes, comme tombée, couronnée de fleurs, endormie, que je caressais du regard...
Publié le 11 Mars 2008
Publié le 9 Mars 2008
Avant les grandes vacances commençait l’agitation, les préparatifs… L’école était finie, nous allions partir bientôt. Juin posait des nappes de soleil sur les champs, des
franges de lumière sur les frondaisons.
Dans nos têtes déjà voyageait l’image de la petite maison au toit rouge, derrière ses lauriers palmes bourdonnants d’abeilles. La maison de l’oncle, la maison des vacances.
Mon frère et moi préparions nos bagages, ceux destinés à nos loisirs… Car ce n’était pas toujours les vadrouilles aventureuses,
gourmandes de baignades et de bêtises… Nous avions la passion des bêtes et des plantes.
J’avais reçu en cadeau, à ma demande, un petit microscope. Il était de métal noir, granité, pourvu d’un seul oculaire, d’un seul objectif. Une petite trousse l’accompagnait, garnie de
pointes lancéolées, d’aiguilles montées, de scalpels, de pinces brucelles…
Un petit coffret de bois contenait des fioles étiquetées de nom bizarres… Ces noms étaient magiques, et ils sont restés comme des formules attachées à mon enfance. Le
bitume de Judée, le chloral-lactophénol de Amman, la glycérine, le baume du Canada, l’essence de Giroffle, les « réactifs » divers…
Quels beaux noms, évocateurs, invitant au rêve.
Il y avait aussi les pipettes de verre, les « agitateurs », les tubes à essai.
Nous rêvions d’un microtome Ranvier…
Le livre de ce passe-temps était un petit livre souple, nommé « Ce qu’on peut voir avec un petit
microscope ».
Il faisait rêver… Tout semblait facile à le lire…
La campagne immense reposait sous nos yeux,
Les insectes volaient, butinaient, le vent agitait les grandes herbes, les mares grouillaient de vie… Cette jungle miniature était notre pays secret… Les pollens étaient des formes
étranges, géométriques, les poils des plantes, ceux de l’ortie, portaient des vésicules remplis d’acide ! L’aile de la mouche montrait des fleuves d’un sang presque incolore, qu’une vie
étrange animait… Les algues et les mousses, essorées sur une lame de verre glissée sous le microscope, découvraient des monstres invisibles à l’œil nu, des diatomées, des foraminifères, des
infusoires, des rotifères.
La chasse, la récolte de ces matières était un jeu. Près des ruisseaux, dans les mares croupies, dans les mousse, nous ramassions des échantillons. Cela
n’allait pas sans mouiller nos chaussettes, sans salir nos shorts…
Dans la cours, devant la maison, au soleil, le petit microscope régnait, entouré des ses fioles, de ses moissons… On posait une goutte de liquide sur la « lame porte-objet », et on
découvrait le monde merveilleux de l’infiniment petit. Des infusoires se déplaçaient rapidement grâce à leurs bords cillés… Ou des diatomées apparaissaient , visibles comme de petites boites
ornées de dessins compliqués… Géométrie magique, études libres et consenties… plaisirs d’été.
Les parents grognaient parfois, quand ils trouvaient dans un verre une poignée de foin mise à macérer. Il ne fallait pas y toucher… Un voile léger allait bientôt flotter sur l’eau, (tandis qu’une
odeur de décomposition se répandrait aux alentours), voile que nous examinerions avec passion, car il serait riche de vies minuscules.
Ainsi allait la science et nos plaisirs…
Les heures passaient, trop courtes, et il fallait ranger le microscope, les accessoires, jeter les échantillons, nous laver les mains…