Publié le 29 Avril 2005




Le feuillage nouveau est arrivé.
"Hêtre ou ne pas être", dit le houx à son compagnon.


L'enfant ressent les choses avec intensité.
Penché sur mon cahier, je n'avais pas vu arriver un phénomène incroyable, énorme, prodigieux : le printemps ressemblait de plus en plus à l'été !
Comme le vin met le rouge au visage, la sève de mai donnait à notre peuplier un feuillage tout neuf, un costume de fête.
Le soleil brillait plus souvent, la poussière dans la cour avait remplacé la boue.
Nos vêtements étaient à l'heure estivale.
En avril, ne te découvre pas d'un fil : nous avions abandonné cache-nez et duffle-coat !
En mai, fait ce qu'il te plait : nous avions retrouvé les culottes courtes…
Les sandales avaient chassé les chaussures.
Les moineaux se roulaient dans la poussière. Sans raison, les gens se souriaient.
C'était pour l'hirondelle en habit, pour le chien qui vous suivait comme une ombre, pour le vent léger qui dansait dans les cheveux…
Enfance ivre du bonheur de l'été.

Rédigé par Serge Passions

Publié dans #Livres - textes

Publié le 28 Avril 2005


J'aimais plus encore la classe l'après midi. Il y avait histoire ou géographie.
Cela me plaisait d'entendre raconter la révolution de 1789, ou le plateau de Millevaches.
Il fallait retenir la longueur des fleuves, les villes qu'ils traversaient, la hauteur des montagnes.
Un nommé P. Nous apprit que le Mont Blanc mesurait 4807 kilomètres…
La maîtresse se prit la tête à deux mains et fit une grimace, tandis qu'il riait aux éclats.
Dés qu'il ouvrait la bouche, il disait des énormités qui déclenchaient les rires.
Parfois, un élève était allé dans la région étudiée, et il nous racontait ce qu'il avait vu. La leçon devenait un plaisir, la discussion était passionnante.
Puis Mlle sortit un stéréoscope, et je trouvai les images en relief si belles que je me promis de demander à ma mère d'en acheter un.
Petits plaisirs, comme celui de la radio, qui nous enchantaient, et qui feraient sourire un enfant gavé de technologie, saoulé de télé, comme aujourd'hui.
Tout n'était pas rose : je détestais la liste interminable des départements, de leur préfecture, et de leurs sous-préfecture…
Manche, 50, chef-lieu Saint-Lô, sous préfecture Cherbourg, Avranches, Coutances…
Maudits départements ! C'était à vous dégoûter à jamais des voyages !

Rédigé par Serge Passions

Publié dans #Livres - textes

Publié le 27 Avril 2005


Quitter la ville, aller dans une petite maison, dans un hameau de quatre foyers...
Vie sauvage, enfance en liberté !
Nous avions la passion de la photographie. C'était le temps ou nous développions nos négatifs, et ou nous faisions nos tirages.
La pièce noire, l'odeur de l'hyposulfite, la faible lueur de l'agrandisseur, et la lampe rouge créant un monde irréel…
Nous faisions beaucoup de noir et blanc, à cette époque !
Voici la photo telle que nous la tirâmes, contrastée, comme nous le voulions…
Et une version couleur, imaginée et réalisée avec un logiciel.


*****

C’était le beau temps des grandes vacances. La campagne nous entourait.
C’était la découverte des champs, des bois, des prés humides.
Les grandes vadrouilles par les chemins. Les merises grappillées aux arbres… Le pataugeage pieds nus dans la rivière, la cueillette des fleurs et de l’herbe aux lapins…
Les frayeurs quand un glissement dans l’herbe suggérait une couleuvre ou une vipère.
L’appareil photo était le témoins des promenades. Cousine posait sagement…
Il en reste des souvenirs et des images collées dans des albums. Evocations aussi subtiles que l’odeur d’un pétale de rose oublié dans un livre…





Publié le 26 Avril 2005


Dans le quartier, de nouvelles cités, sensées apporter le bonheur, sortaient de terre, s'entouraient de buttes de terre où les "mauvaises herbe" se mettaient à pousser, atteignaient des tailles monstrueuses.
Végétaux heureux d'avoir vu le jour par la magie des bulldozers, ils se dépêchaient de grandir, sachant leurs heures comptées.
Nous savions bien qu'un jour, ce chantier se civiliserait, et qu'on boucherait les trous avec les bosses pour semer le gazon, seule expression de la nature dans la ville.
Mais tout près, de l'autre côté de la nouvelle route, derrière des palissades qui semblaient séparer deux mondes, une sente suivait de vieux jardins. Des vieux y poussaient des brouettes, s'appuyaient sur une bêche. Ils portaient des " bleus " rapiécés, se tenaient penchés.
Sur leur crâne étaient rivés de vieux bérets.
Une haie encore, et c'était une petite friche industrielle, et les premiers bâtiments aux toits rouges des usines Simon.

Publié le 25 Avril 2005


Je vous présente les fleurs d'un de mes pommiers... C'est l'avant dernier à fleurir.
Les boutons sont roses, les fleurs blanches, rosées...
C'est le mois de mai qui voit l'apothéose des pommiers...
C'est le mois ou les paysans vont dans les champs regarder si les pommiers "ont bien neigé en rond".





La deuxième photo montre les jeunes plants de Zinnias et de Roses d'Inde repiqués en godet, ou ils vont forcir avant la plantation en pleine terre.





Publié le 24 Avril 2005

Quand on est enfant, adolescent, on aide les grands, c'est un jeu.
Dans les années 63-64, mon frère et moi faisions un jeu de la récolte des pommes...
Notre oncle nous avait confié la remorque qu'il attelait à son vélomoteur, et nous voilà partis dans le champ de pommiers.
Bien sur, on goûtait aux fruits les plus sucrés, et on recrachait les pommes les plus amères...

Car en Normandie, les pommes à cidre ne sont pas des pommes à couteau !
Tout cela s'achevait souvent par un mal de ventre ! Et pourtant, on nous avait prévenu...





Publié le 22 Avril 2005



Les jeunes plants grandissent. Bientôt le repiquage en godet, avant la plantation en pleine terre.



Devant, les jeunes plants de Roses d'Inde. Au deuxième plan, des Zinnias.


Publié le 20 Avril 2005


En classe, on pouvait jouer ! Le tout était d'être prudent.
M. regardait si la maîtresse avait le dos tourné.
" Ecartez-vous !"
Il prenait son porte-plume par le bout, levait la main, et zou ! Il le plantait trois pupitres plus loin. Tous s'empressaient de masquer l'exploit en faisant du bruit.
Mais la plume était faussée !
Alors, M., pas gêné, nous annonçait qu'il allait en réclamer une neuve.
Avec les vieilles plumes, nous improvisions des " guimbardes ". Plantées dans la rainure du pupitre, nous en tirions des sons variés, dont le ton changé suivant qu'elles étaient plus ou moins enfoncées.
" dzoing ! dzoing ! "
La maîtresse relevait la tête, mais tous semblaient travailler avec un tel sérieux que c'en était une bénédiction.
Mais Mlle M. n'était pas dupe, et quand cela durait trop longtemps, elle lançait sans se retourner un :
" Marie, Pin, Bernard, debout ici ! "
Parfois, dévissant un stylo, nous l'utilisions comme une sarbacane, dont les munitions étaient des boulettes de buvard mâché.
" Paf ! ", ça s'écrasait sur une joue, un front, et on entendait un :
" Dégoûtant, cochon ! arrête ou je le dis ! "
La maîtresse se retournait, ne trouvait pas le responsable, et laisser passer.
Mais parfois, l'agresseur et la victime, (qui ne l'était jamais complètement) étaient confondus dans une même punition.

Publié le 20 Avril 2005


L'enfer, c'est quand OB est en panne ! Horreurs, souffrances,malédictions...
Les esprits s'échauffent...
De part et d'autre , les mots s'enflamment...
Fatigues,énervements, on est prêt à tout ! Violence, inquisition, Torquemada…

Soufflons…
Faut b... voir un truc fort pour se remettre !
Je paie un coup !
Ce dessin de Marcellin, pour nous remettre en forme… heu, c’est une façon de parler.


Les prisons

BD de Marcellin

De LUTECE à PARIS
Editions Jacques Glenat

 

Publié le 18 Avril 2005


«Tu iras dans la classe de cette dame là… Si tu ne peux pas suivre, tu descendras d’une classe, avec monsieur S. …Tu essaieras de ne pas descendre plus bas ?
--Oui, m’sieur ! »
C’était un matin de rentrée, après les vacances de Pâque.
Le bâtiments étaient anciens, et le mot« INTERNAT » indiquait son anciene destination.
Une pompe avec un robinet, près d’un immense peuplier. Une cour gravillonnée. Dans un coin, un tas de sable étalé.
Deux ou trois petits fusains qui séparaient la cour d’un jardin abandonné.
Une église toute proche, comme faisant partie de l’établissement. Derrière l’église, un terrain où on jouait au foot.
Le directeur avait des cheveux poivre et sel, coupés courts. Blouse grise, pantalon droit.
Grand, l’air bonhomme, sympathique.
Mon frère entrait dans sa classe, celle des grands.
Moi, je cherchai des yeux ma maîtresse, Mademoiselle M. C’était une vieille demoiselle ayant la cinquantaine, vêtue d’une blouse bleue.
Je reconnus des copains de cité, qui seraient dans ma classe, et je les surveillai prêt à les suivre quand sonnerai la cloche.
Des garçons hurlaient, déposaient leur cartable le long du mur d’enceinte, entamaient une partie de billes.
Une porte qui ne s’ouvrait pas sur les classes m’intriguait. Je demandai à J. L. ce qu’il y avait derrière.
« C’est là qu’habite le directeur, répondit-il. »
A ce moment, ma maîtresse sortit de sa classe, se frotta les mains…
Je n’arrivai toujours pas à me faire une opinion sur elle. Elle avait un air sévère…
Mais J. L. me dit :
« Mademoiselle M. ? bof ! Si tu fais pas l’andouille… Faut vraiment abuser pour se faire punir ! »



Publié le 17 Avril 2005




Fin mars, début avril, les fossés commencent à se fleurir.
On voit ici les fleurs roses du géranium Robertianum, et celles, blanches, de la stellaire Holostée.

La stellaire
Le Géranium




Publié le 17 Avril 2005


Déménagement.
Passons sous silence l’école J. J. qui ne m’apporta rien, et que je n’aimai pas…
C’est pourquoi ma mère parla avec les voisins… A l’école J.J., on bouffait du curé, et cela lui déplaisait. De plus, nous aimions bien le sympathique abbé O.
Le directeur de l’école s’arrangeait toujours pour nous retenir, et nous manquions le catéchisme. C’était une petite guerre en le directeur laïque et le curé, qui durait depuis longtemps…
Or, certains camarades allaient à l’école libre.
Et puis il y avait un vaste chantier entre l’école et la cité. Une boue liquide comme une crème couvrait la chaussée.
Moi, j’aimais bien jouer dans la boue, mais ma mère n’y trouvait pas son avantage. Il y avait aussi d’anciens jardins que le chantier n’avait pas respecté, et j’y cueillais des escholtzias fragiles, et des reines-marguerites.
Près du chantier, une antique épicerie vendait du gros vin rouge aux ouvriers.
Un poivrot hantait ce quartier, et nous l’avions baptisé « Vikadouze »,du nom d’un vin et de son degré.
Un jour, la décision fut prise, nous irions mon frère et moi à l’école
Saint L.


Commentaire :
Dans le primaire, ( ces récits ont pour fond les années de 1950 à 1960 environ), on achevait souvent ses études par le certificat d'étude primaire.
J'ai connu quatres écoles :
Une école publique de campagne, classe unique. J'en garde un excellent souvenir.
Une école publique traditionnelle, ancienne, de ville, qui m'a laissé peu de souvenirs.
Une école publique en préfabriqué. Elle m'a laissé un mauvais souvenir.
Une école libre, ancienne. Je l'ai beaucoup aimée.
Je parle là des bâtiments, des professeurs, de l'ambiance...




Publié le 16 Avril 2005



A l'école, le vent d'automne arrachait les feuilles des érables sycomores.
Les écoliers se réjouissaient, car la nature a pourvu ces feuilles de tiges longues et charnues. Quand le temps avait fait disparaître le limbe de la feuille, il restait une sorte de petite matraque : le pétiole.
On prenait entre les doigts le côté mince, et on frappait ses " ennemis " sur le crâne. Cela faisait un " toc" agréable à l'oreille, suivi très vite d'une bordée d'injures digne d'un marin en goguette.
Certains visaient cette partie de l'individu qui, si je puis dire, leur tournait le dos. En remerciement, ils recevaient une ruade qu'ils évitaient prestement.
Les plus cruels visaient les oreilles. C'était considéré comme le coup le plus " vache ", et souvent agresseur et agressé en venaient aux mains. Mais la bagarre ne durait pas, car les professeurs et les surveillants arpentaient la cours.


Publié le 16 Avril 2005


Mais je ne sais pas peindre, ni dessiner. Il me reste mes photos, et les logiciels de traitement d'images.
Voici un petit montage, composé d'un chemin campagnard, (photo) travaillé pour ressembler modestement à un genre de peinture. Le Cupidon est du peintre Bouguereau. C'est en quelque sorte un paysage rêvé... Car je n'ai pas rencontré Cupidon !

Publié le 15 Avril 2005



En sortant de classe, nous achetions dans une épicerie, au bout de la rue, des bonbons et des sachets d’une poudre rafraîchissante, qui donne tant soif.
Les mêmes bonbons que Renaud a chanté dans « Mistral gagnant ».
A la maison, nous mangions dans la cuisine. C’était plus simple, et nous avions vue sur la cours.
Mon frère, et moi même, lorsque nous étions punis, allions bouder sous la table. Une table ronde, couverte d’une nappe marron, frangée, qui tombait jusqu’au sol.
Attentifs aux bruits, nous jouions discrètement. Puis maman nous faisait sortir. Nous quittions alors notre abri presque à regret.
Lorsque le temps était sombre, nous faisions du cinéma.
Le jeu consistait à fabriquer avec une boite à chaussures un projecteur rudimentaire. La loupe que mon père cherchait pour faire ses mots-croisés en était l’objectif.
Un trou à l’avant, deux  fentes servant de passe-vue, et le  tour était joué !
Nos films étaient les négatifs des photos familiales. La lampe de poche prise sur la table de nuit des parents était la source lumineuse. Un torchon tendu sur le mur servait d’écran.
Quelle émotion quand une image pas très nette apparaissait sur l’écran. L’émotion même des frères Lumière, et d’Edison